• Rien à ajouter (Patrick Bouvard)

     Rien à ajouter (Patrick Bouvard)Les chroniques de la vigilance ordinaire : Réjouissons-nous !!!

    28.11.2011Patrick Bouvardhttp://www.rhinfo.com/actualites/article/details-articles/cat/25/33/17208/79/les-chroniques-de-la-vigilance-ordinaire-rjouissonsnous-

    Une fois n’est pas coutume : je vais abandonner le ton critique inhérent à ces chroniques polémiques et rigolotes pour me faire l’écho admiratif d’un article publié dans La Tribune du 28 octobre 2011, sous la plume alerte de Sophie Péters. Le sujet peut en paraître surprenant ; il n’en reste pas moins que nombre de managers trouveraient, me semble-t-il, beaucoup de profit à tendre l’oreille. Jugez plutôt : « L'aphorisme d'Aristote « la nature a horreur du vide » n'a pas pris une ride. Déjà dans l'Antiquité, il provoquait un vertige instinctif sous la formule « horror vacui ». Au vu des nouveaux process et des reportings incessants, le monde de l'entreprise n'est pas en reste. » Outre que la référence à Aristote me réjouit – dans un monde plus enclin au spectacle audiovisuel permanent qu’à une culture philosophique essentielle – je trouve que le rapport aux pratiques actuelles de nombre d’entreprises est particulièrement bien vu. En effet, « Avec la crise, pas d'amélioration en vue : le vide n'a jamais été aussi plein. C'est la « meilleure » façon que les cadres ont trouvée pour gérer leur stress. Du contrôle, toujours plus de contrôle. Ainsi, on maintient un sentiment de maîtrise alors même que l'angoisse du chaos est à son maximum. » La messe est dite !

    Qu’on me comprenne bien : loin de moi l’idée d’affirmer que des actions engagées ne doivent pas être dûment suivies avec des indicateurs permettant d’en apprécier l’évolution et la satisfaction. Il ne s’agit pas de ça. Mais ce sont des actions qu’il faut contrôler, pas des personnes ! La frontière est peut-être floue pour un manager pressé ou inconséquent, mais certainement pas pour chacun de ses collaborateurs, devant endurer les caprices de cet esprit « petit chef ».

    Sophie Péters rapporte les propos éclairés d’Olivier Le Grand, responsable de la ligne de métier BNP Paribas Personal Investors, à la tête de Cortal Consors, qui « prône, en ces temps chahutés, de manager par le vide : “Ce n'est pas en renforçant son contrôle sur les équipes que l'on peut gérer les situations difficiles. On risque surtout de transmettre du stress et d'obtenir une soumission qui enlève aux individus toute capacité de réaction et, ce faisant, toute capacité créative. Mieux vaut aider les équipes à s'exprimer dans une démarche de cocréation pour mieux faire face aux crises. Donc laisser les individus remplir à leur façon leur domaine d'expertise et trouver leurs solutions. Une voie vers l'innovation. ” Cornegidouille ! Un homme intelligent en situation d’agir ! Chapeau bas ! Un tel discours, dans la pagaille actuelle, me rassérène profondément ! Comme quoi tout n’est peut-être pas perdu… ;-)

    La suite est grandiose : « Dans le management par le plein, on passe son temps à évaluer le panier du salarié comme on évaluerait celui de la ménagère pour s'assurer qu'il est lourd et cher. On y retrouve aussi le goût du pouvoir de quelques-uns, oracles modernes assis sur leurs dossiers de prévisions. Dans le management par le vide, au contraire, l'essentiel est que le chef ne fasse rien. Et qu'il puisse ainsi capter les signaux faibles venant de l'extérieur pour les amplifier à l'intérieur et les exploiter avec ses équipes. “L'avenir, tu n'as pas à le prévoir mais à le permettre”, disait Saint- Exupéry. » Après Aristote, voici Saint Exupéry : deux références fondamentales en une seule page d’un quotidien économique… On croit rêver ! Merci Sophie ! (Permettez que je vous appelle « Sophie », tant vos propos instillent instantanément le sens d’une proximité relevant de la « sophia » grecque : la sagesse !)

    C’est effectivement un comble, dans un modèle libéral où le sens de l’initiative est une valeur importante… que l’on en arrive à fliquer chacun dans les moindres détails, stérilisant l’esprit même de ce que c’est qu’« entreprendre ». Il faudrait donc « lever le pied sur la pédale du contrôle et du reporting (celle-ci servant essentiellement à rassurer les échelons supérieurs que tout le monde travaille), et faire confiance à ses collaborateurs pour leur laisser le temps d'analyser les évolutions extérieures, de déceler les affaires qu'il faut faire, mais aussi celles qu'il ne faut pas faire. »  Bien dit ! J’en connais même qui passent plus de temps à reporter qu’à travailler, nonobstant une fréquentation assidue des couloirs afin que tous puissent attester de leur présence zélée.

    La conclusion atteint des sommets de réflexion et de bon sens inattendus dans la presse d’entreprise : « La crise de la motivation est avant tout une crise du sens liée au primat du comment sur le pourquoi. Tant que les organisations s'obstineront dans cette direction, elles ne pourront prétendre à la motivation des gens qu'elles emploient. Elles ne feront que les occuper. Penser régler les problèmes de coopération en multipliant les procédures et les injonctions est une voie sans issue. Laisser un peu d'espace aux individus, un peu de vide, c'est un des leviers de la coopération. À une condition : que la confiance soit de la partie, ingrédient le plus efficace dès lors que l'on fait face à une situation exigeant de la coordination non programmée ». Que voulez-vous que je vous dise : j’en suis baba !

    Et l’épilogue touche à la perfection : « Là encore il s'agit de baisser la garde et se souvenir de la phrase du maréchal Lyautey : “Quand les talons claquent, l'esprit se vide” ». Voilà de quoi se sentir mieux dans ses pompes ! Non ?

    Rien à ajouter !

     

    « Les réponses appartiennent aux hommes du terrain !Mais c'est aussi la seule façon de durer ! »

    Tags Tags : , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :